Zohar, I 49b-50 a.
(extraits du Zohar présentés et choisis présentés par Gershom Scholem in Le Zohar, Le Livre de la Splendeur. Trad. par Édith Ochs, Éd. du Seuil, Paris, 1980 p. 34-36)
Rabbi Siméon se rendait un jour à Tibériade; avec lui étaient Rabbi Yossé, Rabbi Yéhouda et Rabbi Hiyya. Sur la route, venant vers eux, ils rencontrèrent Rabbi Pinhas. Ils mirent tous pied à terre et s’assirent sur le flanc de la montagne, sous un arbre. Rabbi Pinhas dit:
Puisque nous sommes assis, j’aimerais entendre quelques-unes de ces idées merveilleuses que tu as l’habitude d’exposer chaque jour.
Alors Rabbi Siméon parla, commençant par citer le texte : « Et il poursuivit ses pérégrinations, depuis le midi, jusqu’à Bethel et Aï. » (Gen. xii, 3). Il dit : Nous nous serions attendus ici à lire « sa pérégrination » mais il est écrit « ses pérégrinations », ce qui nous indique que, dans sa pérégrination, il est accompagné par la Shekhina, la Présence divine. Il incombe à l’homme d’être « mâle et femelle » toujours, afin que sa foi puisse rester inébranlable et que la Présence divine ne l’abandonne jamais. Tu pourrais demander : qu’en est-il de l’homme qui part en voyage et qui, loin de sa femme, cesse d’être « mâle et femelle »? Cet homme, avant de se mettre en route, alors qu’il est encore mâle et femelle doit prier Dieu pour attirer à lui la Présence de son Maître. Quand il a prié et rendu grâces, tandis que repose sur lui la Présence divine, alors il peut partir car, grâce à son union avec la Présence divine, il est à présent mâle et femelle dans la campagne de même qu’il était mâle et femelle dans la ville, car il est écrit : « La justice (tzedek, féminin de tzaddik, le « juste ») marche au-devant de lui et trace la route devant ses pas » (Psaume lxxxv, 14).