
Dans le dernier chapitre des Anneaux de Saturne, Sebald appelle à nouveau Thomas Browne, son « pays » de Norwich (le cosmopolitisme de Sebald est historique autant que géographique), dont il avait conté les pérégrinations du crâne dans le premier chapitre du livre. Il évoque son Musaeum Clausum, « tract », court catalogue d’écrits et autres curiosités documentaires, imaginaires ou dont l’existence est supposée:
… La bibliothèque imaginaire de Browne contient en outre un fragment d’un récit du navigateur Pythéas le Massaliote, cité par Strabon, qui nous apprend que dans le très Grand Nord, au-delà de Thulé, l’air visqueux, analogue au corps gélatineux de la méduse et du poumon de mer, est d’une densité qui le rend à proprement parler irrespirable, mais aussi un poème disparu d’Ovide, written in the Getick language during his exile in Tomos, qui a été retrouvé, enveloppé dans un tissu paraffiné, aux confins de la Hongrie, à Sabaria, sur les lieux mêmes où Ovide, comme le veut la tradition, serait décédé après avoir quitté la mer Noire, soit qu’il eût finalement obtenu sa grâce, soit à la suite de la mort d’Auguste…

L’article de la Wikipedia anglophone sur ce Musaeum Clausum cite à son propos Jorge-Luis Borges:
Like Pseudodoxia Epidemica, Musaeum Clausum is a catalogue of doubts and queries, only this time, in a style that anticipates Jorge Luis Borges, a 20th century Argentinian short-story writer who once declared: « To write vast books is a laborious nonsense, much better is to offer a summary as if those books actually existed. »
On trouve le texte de ce tract sur le site de l’Université de Chicago, avec le reste de l’oeuvre de Sir Thomas Browne, et sa traduction en français par Bernhard Hoepffner. (Le Musaeum Clausum a une page sur Facebook « aimée » par trois personnes, dont moi-même depuis un instant, « happy few », very few ;-).)
(images Wikimedia Commons)
WordPress:
J’aime chargement…