Mais, comme Belting l’avait déjà esquissé dans le cours du 11 février 2003, cette irruption de la géométrie dans la peinture, qui a aidé les peintres à chercher l’adéquation entre le regard et l’image, était le fait d’un transfert culturel de longue durée, au cours duquel une théorie optique forgée au XIe siècle au cœur de la culture de l’Islam par le mathématicien Alhazen a été promise à une importante fortune en Europe. Ce transfert permit non seulement la redécouverte d’Euclide en occident et jouait le rôle évident de culture médiatrice, mais elle constituait également un apport considérable. Traduite et commentée par les « perspectivistes » dans les années 1270, elle fut utilisée, à la Renaissance, comme référence par les théoriciens de la perspective appliquée à la peinture, à l’instar de Lorenzo Ghiberti, de Piero della Francesca et de Leon Battista Alberti.
(Le billet « Invention ou découverte de la perspective (Daniel Arasse) » est le plus lu de ce blogue, 9516 vues aujourd’hui, sans doute parce qu’il arrive très bien sur la requête « découverte de la perspective » via Google et du coup s’offre aux lycéens qui ont à faire un devoir sur la perspective. C’est à l’occasion de la question d’une lycéenne en commentaire que j’ai découvert le rôle des théories optique d’Ibn al-Haytham ie Alhazen – circonstances et commentaire ici.)
Je ne cite ici que ce qui correspond au billet publié ici mais tout l’article est passionnant (et sans doute aussi le livre de Belting que je n’ai pas – encore – lu), en particulier articule ce qui change dans le passage à l’Occident:
Partie d’une théorie de l’optique puis intégrée à une philosophie de la perception, la perspective est devenue une théorie mathématique appliquée à la peinture, utilisée pour donner au tableau ou à la fresque l’illusion de la troisième dimension et faire correspondre ainsi l’image avec le regard. La notion de perspective avait pris à ce moment le sens qu’on lui donne aujourd’hui.
voir: