…or, c’est en nous que fulgure l’astre éclaté, c’est dans les ténèbres de nos mémoires, dans la grande nuit constellée que nous portons dans notre sein, mais que nous fuyons dans notre fallacieux grand jour. Là nous nous confions à notre langue vivante. Mais parfois se glissent entre deux mots d’usage quotidien, quelques syllabes des langues mortes: mots-spectres qui ont la transparence de la flamme en plein midi, de la lune dans l’azur ; mais dès que nous les abritons dans la pénombre de notre esprit ils sont d’un intense éclat: qu’ainsi les noms de Diane et d’Actéon restituent pour un instant leur sens caché aux arbres, au cerf altéré, à l’onde, miroir de l’impalpable nudité.
(Le Bain de Diane, Pauvert, 1956, p. 8)