Jacques Lacan. Le Séminaire, livre xvii: l'envers de la psychanalyse.- Seuil, 1991.
p.37: Ce qu’à la limite l’hystérique veut qu’on sache, c’est que le langage dérape sur l’ampleur de ce qu’elle peut ouvrir, comme femme, sur la jouissance. Mais ce n’est pas ce qui importe à l’hystérique. Ce qui lui importe, c’est que l’autre qui s’appelle l’homme sache quel objet précieux elle devient dans ce contexte de discours. N’est-ce pas là, après tout, le fond même de l’expérience analytique ? — si je dis qu’à l’autre comme sujet elle donne la place dominante dans le discours de l’hystérique, elle hystérise son discours, elle en fait ce sujet qui est prié d’abandonner toute référence autre que celle des quatre murs qui le cernent, et de produire des signifiants qui constituent cette association libre maîtresse, pour tout dire, du champ."
p.150: "Ce que l’hystérique veut je dis ça pour ceux qui n’ont pas la vocation, il doit y en avoir beaucoup —, c’est un maître. C’est tout à fait clair. C’est même au point qu’il faut se poser la question si ce n’est pas de là qu’est partie l’invention du maître. Cela bouclerait élégamment ce que nous sommes en train de tracer. Elle veut un maître. C’est là ce qui gît dans le petit coin en haut et à droite, pour ne pas le nommer autrement. Elle veut que l’autre soit un maître, qu’il sache beaucoup de choses, mais tout de même pas qu’il en sache assez pour ne pas croire que c’est elle qui est le prix suprême de tout son savoir. Autrement dit, elle veut un maître sur lequel elle règne. Elle règne, et il ne gouverne pas.