Tout le long de la voie des substructures byzantines, de briques et de pierre. Lors de cette visite, j’ai plutôt cherché les mosquées anciennes. Mais « anciennes » pour les mosquées ottomanes, ça signifie fin du quinzième siècle. A côté d’elles, les églises, certaines, la plupart, transformées en mosquées peuvent être plus anciennes d’un millénaire. Elles cohabitent, voisinent tranquillement et dialoguent. Et l’on ne s’avise pas tout de suite de cet écart temporel. Mais que l’on considère l’inépuisable quantité de substructures byzantines qui persistent sur les sept collines de Stamboul, on prend conscience de ce qui fait l’un des charmes majeurs de cette ville.
Lorsque Fathi a pris la ville, il l’a livrée à ses troupes pour trois jours de pillage, pillage qui ne se limitait pas aux choses, à l’or des églises et des palais, mais pillage des hommes également. La population, déjà fortement diminuée, a été réduite en esclavage et déportée. Et puis, cette ville défaite, le Conquérant s’est tout de suite soucié de la refaire, de la repeupler d’abord en y accueillant toutes sortes de population, parmi elles les juifs chassés d’Espagne. Ainsi, recouvrant la ville millénaire, s’est constituée une nouvelle ville impériale. Cette ville neuve n’était faite que d’hommes; la ville antique cependant n’avait pas cessé de vivre mais non plus d’hommes, elle. La ville nouvelle s’est construite par-dessus la ville ancienne un peu à la manière de ces maisons de bois qui se montent sur un soubassement de pierre.