Etgar Keret, dans Correction automatique°, fait cette astucieuse comparaison entre la mémoire et un vêtement:
Il serait temps de le reconnaître, les humains ne sont pas bons pour se souvenir des choses sans les déformer. Si le vécu est un vêtement, alors le souvenir est ce vêtement après avoir été maintes fois lavé sans suivre les conseils sur l’étiquette : les couleurs sont passées, il a rétréci, et l’odeur originale et nostalgique a depuis longtemps été remplacée par le parfum artificiel de l’assouplissant à l’orchidée.
Il y manque cependant quelque chose: c’est qu’avec le temps le vêtement en s’usant devient de plus en plus confortable.
°Traduction Rosie Pinhas-Delpuech. Éditions de l’Olivier, 2025