… les gens tombent comme ivres des échafaudages et s’engouffrent dans les machines, toutes les poutres se renversent, tous les talus deviennent mouvants, toutes les échelles glissent, ce qu’on fait monter dégringole, quant à ce qu’on fait descendre, on tombe soi-même dessus. Et on a des maux de tête à voir toutes ces jeunes filles dans les fabriques de porcelaine qui se précipitent sans cesse dans les escaliers avec des montagnes de vaisselle.
Un cauchemar, la vision apocalyptique de catastrophes ininterrompues, un film expressionniste, muet… Ce passage est tiré d’une lettre à Max Brod où Franz Kafka décrit son travail, encore neuf, à l’Arbeiter-Unfall-Versicherungs-Anstalt für das Königreich Böhmen, l’organisme semi-public où il travaillera jusqu’à sa retraite anticipée en 1922. Elle est de l’été 1909, soit exactement un an après sa prise de fonction en juillet 1908. La photographie insérée ici° est datée de l’année 1910.
°Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Franz_Kafka,_1910.jpg
Texte original:
In meinen vier Bezirkshauptmannschaften fallen – von meinen übrigen Arbeiten abgesehn – wie betrunken die Leute von den Gerüsten herunter, in die Maschinen hinein, alle Balken kippen um, alle Böschungen lockern sich, alle Leitern rutschen aus, was man hinauf gibt, das stürzt hinunter, was man herunter gibt, darüber stürzt man selbst. Und man bekommt Kopfschmerzen von diesen jungen Mädchen in den Porzellanfabriken, die unaufhörlich mit Türmen von Geschirr sich auf die Treppe werfen.




