Shen Zhou, 1492

Une nuit de l’automne 1492, le peintre Shen Zhou, pose ces notes sur une peinture qu’il vient de faire:

Nuit de veille / Shen Zhou, 1492 (National Palace Museum, Taipeh)
Nuit de veille / Shen Zhou, 1492 (National Palace Museum, Taipeh)

Par une nuit froide, le sommeil est doux. Je me suis éveillé au milieu de la nuit, l’esprit clair et serein, sans désir de me rendormir. Je me suis habillé et me suis assis face à la chandelle vacillante. Sur la table il y avait quelques livres, j’ai choisi parmi eux un volume au hasard et j’ai commencé à lire. Mais trop fatigué, j’ai reposé le livre et me suis assis calmement, mains croisées. Une longue pluie venait de tomber et la lune pâle brillait par la fenêtre. Tout n’était que silence.

J’aime par nature rester assis la nuit. Aussi très souvent je déroule un livre sous la lampe et le parcours habituellement jusqu’à la deuxième veille, puis je m’arrête. La clameur des hommes n’a pas encore cessé que déjà l’on a envie de se plonger dans l’étude. Mais il est rare de trouver le calme à l’extérieur et la paix en dedans…

Comme elle est grande, la force qu’on gagne à rester assis de nuit. En se purifiant ainsi l’esprit, en restant assis seul durant de longues veilles à la lueur de la chandelle, on ouvre son espace intérieur et on commence à comprendre les choses. Cela, c’est sûr, je parviendrai à l’atteindre.

J’ai écrit ces notes une nuit de veille de l’automne 1492, le 16e jour du 7e mois.

(cité et traduit par Anne Kerlan Stephens, Poèmes Sans Paroles. Paris: Hazan, 1999)

Et je pense à un autre lettré et à la lettre qu’il écrit, un automne aussi, 11 années plus tard, de l’autre côté du vieux monde.

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