A Byzance,
« le copiste doit être considéré comme un lecteur, voire comme l’unique véritable lecteur du texte, puisque la seule lecture qui amène à une pleine compréhension du texte est l’acte de copie. »
Luciano Canfora (Il Copista come autore, Palerme, 2002), cité par Guglielmo Cavallo dans Lire à Byzance, Paris: Les Belles Lettres, 2006 (p. 76).
Ailleurs Cavallo souligne la primauté de la lecture à haute voix dans la culture byzantine. On peut se demander si la valeur accordée à la copie, qui dans d’autres contextes culturels peut être considérée comme un obstacle à l’appréhension du sens, n’est pas liée à cette primauté. La lecture avait, pour les lettrés byzantins, comme finalité l’utilité (’ωφελεία), par opposition à l’agrément. Un haut fonctionnaire byzantin du XIIe siècle écrit à son fils:
« il ne faut pas pratiquer la lecture comme une fin en soi […] mais étudier les écrits des anciens savants pour un but précis, et ne pas refuser le dialogue avec les morts. Quel est ce but? Avoir l’esprit bien aiguisé pour produire des pensées, et avoir une langue habile pour exposer ce que l’on pense. » (GC, p. 69).
Plus loin Cavallo décrit l’existence de « salons d’écriture » qui sont en même temps des « salons de lecture » parce que l’écriture est ici d’abord copie, qui à partir de la copie peut se développer en commentaires mais d’abord en émendation, édition des textes lus.