Notes parisiennes (printemps 1978): Osaka

Ce matin je suis allé à l’Institut Géographique National acheter deux cartes au 1/25 000e pour mon grand-père. Je suis allé vers la Bibliothèque Nationale à pied, par le Faubourg St-Honoré, en espérant trouver un endroit sympathique pour déjeuner. Une place après l’autre, Paris m’a paru une triste ville d’employés de bureau. Je déjeune finalement place du Palais-Royal au snack-bar japonais Osaka. Il fait très gris et il tombe quelques gouttes. Le garçon accueille le nouvel arrivant par une longue formule japonaise débitée très vite. Une formule aussi longue salue le départ, répétée par les cuisiniers. Comme un car de touristes japonais s’arrête non loin du restaurant, le garçon sort sur le pas de la porte et répète pour les touristes une formule analogue. Les cuisiniers se marrent. Entre un vieil homme avec une belle tête de vieux japonais aux dents longues et gâtées, curieusement habillé d’une salopette rayée. Puis rentrent deux gros en pantalon et blouson de toile blue jeans, un microcéphale en costume et deux femmes: une grosse en robe rouge et une vieille en kimono. Les deux gros s’asseyent au bar, les deux femmes à une table et le microcéphale, après avoir donné la commande des femmes, semble inquiet et ne savoir où s’asseoir, comme s’il n’osait s’asseoir à côté des deux gros. Le vieux en salopette savoure sa bière en fumant des cigarettes et demande une nouvelle canette. Les yeux des vieux japonais leur donnent l’air de toujours sourire. Entrent quatre jeunes filles bien habillées. Un homme monte du sous-sol. La vieille femme et lui se saluent en se pliant en deux, et ainsi pliés ils échangent les formules de politesses. Ils se relèvent, l’homme fait une plaisanterie et la vieille femme lui répond en se repliant en deux. Lui de l’imiter et ils continuent de parler ainsi pliés. Je demande un thé mais le garçon ne comprend pas le français. Je dis « Cha » et j’ai le plaisir d’être tout de suite compris. Deux jeunes asiatiques français s’asseyent à côté de moi. Comme ils cherchent un menu, je leur tend un bulletin de commande écrit en japonais. Ils ne comprennent rien. Je savoure mon bluff.

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