Thèse 1. Les propositions philosophiques sont des Thèses.
Philosophie et philosophie spontanée des savants, 1974 (1967) – 1er cours, pp. 13 et 14
Thèse 1. Les propositions philosophiques sont des Thèses.
Cette Thèse est énoncée sous forme didactique : elle sera explicitée et justifiée plus tard, chemin faisant. Mais je précise en même temps que c’est une Thèse, c’est-à-dire une proposition dogmatique. J’insiste donc : une proposition philosophique est une proposition dogmatique, et pas seulement une proposition didactique. La forme didactique est destinée à disparaître dans l’exposé. Mais le caractère dogmatique subsistera.
D’emblée, nous touchons à un point sensible. Que peut bien vouloir dire « dogmatique », non pas en général, mais dans notre définition ? Pour en donner une première idée élémentaire, je dirais ceci : les Thèses philosophiques peuvent être tenues pour des propositions dogmatiques négativement, dans la mesure où elles ne sont pas susceptibles de démonstration au sens strictement scientifique (au sens où l’on parle de démonstration en mathématiques et en logique), ni de preuve au sens strictement scientifique (au sens où l’on parle de preuve dans les sciences expérimentales).
Je tire alors de cette Thèse 1 une Thèse 2 qui l’explicite. Les Thèses philosophiques, ne pouvant être l’objet de démonstration ou de preuves scientifiques, ne peuvent être dites « vraies » (démontrées ou prouvées, comme en mathématiques et en physique). Elles peuvent seulement être dites « justes ».
Thèse 2. Toute Thèse philosophique est dite juste ou non.
Que peut bien signifier « juste » ?
Pour en donner une première idée, voici : l’attribut « vrai » implique avant tout un rapport à la théorie; l’attribut « juste », avant tout un rapport à la pratique. (Ainsi : une décision juste, une guerre juste, une ligne juste.)