Kafka et Freud (Kafka et Proust 3)

Tout de suite après avoir écrit Le Verdict*, Kafka note: « Gedanken an Freud natürlich », « pensé à Freud naturellement ». Claude David, dans son édition Pléiade, note qu’il s’agit sans doute de la première fois (1912) qu’un écrivain réfère explicitement ce qu’il écrit à Freud.

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Stupide obstination (Freud, Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort, 1915)

… nous avons constaté chez nos concitoyens du monde un autre symptôme qui ne nous a peut-être pas moins surpris et effrayés que la baisse, si douloureuse pour nous, de leur niveau moral. Je fais allusion à leur manque d’intelligence, à leur stupide obstination, à leur inaccessibilité aux arguments les plus convaincants, à la crédulité enfantine avec laquelle ils acceptent les affirmations les plus discutables. (…) Notre intellect ne peut travailler efficacement que pour autant qu’il est soustrait à des influences affectives trop intenses ; dans le cas contraire, il se comporte tout simplement comme un instrument au service d’une volonté, et il produit le résultat que celle-ci lui inculque.

… les hommes les plus intelligents perdent subitement toute faculté de comprendre et se comportent comme des imbéciles, dès que les idées qu’on leur présente se heurtent chez eux à une résistance affective, mais que leur intelligence et leur faculté de comprendre se réveillent, lorsque cette résis­tance est vaincue.

Ils ne mettent en avant les intérêts que pour rationaliser leurs passions, pour pouvoir justifier la satisfaction qu’ils cherchent à leur accorder.

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