Stupide obstination (Freud, Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort, 1915)

… nous avons constaté chez nos concitoyens du monde un autre symptôme qui ne nous a peut-être pas moins surpris et effrayés que la baisse, si douloureuse pour nous, de leur niveau moral. Je fais allusion à leur manque d’intelligence, à leur stupide obstination, à leur inaccessibilité aux arguments les plus convaincants, à la crédulité enfantine avec laquelle ils acceptent les affirmations les plus discutables. (…) Notre intellect ne peut travailler efficacement que pour autant qu’il est soustrait à des influences affectives trop intenses ; dans le cas contraire, il se comporte tout simplement comme un instrument au service d’une volonté, et il produit le résultat que celle-ci lui inculque.

… les hommes les plus intelligents perdent subitement toute faculté de comprendre et se comportent comme des imbéciles, dès que les idées qu’on leur présente se heurtent chez eux à une résistance affective, mais que leur intelligence et leur faculté de comprendre se réveillent, lorsque cette résis­tance est vaincue.

Ils ne mettent en avant les intérêts que pour rationaliser leurs passions, pour pouvoir justifier la satisfaction qu’ils cherchent à leur accorder.

Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort (traduction S. Jankelevitch revue par l’auteur, 1915)[1]

1. La guerre et ses déceptions[2]

Le cosmopolitisme européen avant la 1ère guerre mondiale
On se disait bien que les guerres ne pourront pas cesser, tant que les peuples vivront dans des con­ditions d’existence aussi différentes, tant que différeront aussi radicalement leurs critères d’appréciation des valeurs, en rapport avec la vie individuelle, et tant que les haines qui les séparent seront alimentées par des forces psychi­ques aussi profondes et intenses. On s’était donc habitué à l’idée que, pendant de nombreuses années encore, il y aurait des guerres entre peuples primitifs et peuples civilisés, entre des races séparées par des différences de couleur, voire entre certains petits peuples de l’Europe peu avancés ou en voie de régression. Mais on osait espérer que les grandes nations dominatrices de race blanche, auxquelles est échue la mission de guider le genre humain, qu’on savait absorbées par des intérêts s’étendant au monde entier, auxquelles on doit les progrès techniques leur ayant assuré la maîtrise de la nature, ainsi que tant de valeurs artistiques et scientifiques, il était permis d’espérer, disons-nous, que ces nations du moins sauraient vider leurs malentendus et leurs conflits d’intérêts autrement que par la guerre. Chacune de ces nations avait établi pour les individus qui la composent des normes morales élevées, auxquelles devaient se conformer dans leur vie tous ceux qui voulaient avoir leur part des biens de la civilisation.[3]
Confiants de cette union des peuples civilisés, des individus sans nombre avaient quitté leurs patries, pour aller séjourner à l’étranger, en rattachant leur existence aux rapports qu’entretenaient entre eux les peuples amis. Quant à celui que les nécessités de la vie n’immobilisaient pas dans un endroit déter­miné, il pouvait jouir des charmes et avantages de plusieurs pays civilisés, se composant ainsi une patrie plus vaste où il pouvait se mouvoir sans rencontrer des entraves et sans éveiller des soupçons.[4]
N’oublions pas, en outre, que tout citoyen du monde civilisé s’était com­posé son « Parnasse », son « École d’Athènes ». Parmi les grands penseurs, poètes, artistes de toutes les nations, il avait choisi ceux auxquels il croyait devoir le meilleur de lui-même, ceux qui lui ont montré comment il fallait comprendre la vie et en jouir, et il les avait rangés au même niveau que les immortels classiques et les maîtres familiers de son propre pays.[5]
La déception
Nous voulons bien espérer qu’un historien impartial réussira à montrer que c’est la nation dont la langue est la nôtre et dans les rangs de laquelle luttent ceux qui nous sont chers qui a le moins violé les lois de la morale humaine.
Mais, en des jours comme ceux qui nous vivons, qui saurait s’ériger en juge de sa propre cause?[6]
Sa déception appelle toutefois quelques remarques critiques. À parler strictement, elle n’est pas justifiée, car elle se réduit à la destruction d’une illusion. Les illusions nous rendent le service de nous épargner des sentiments pénibles et de nous permettre d’éprouver à leur place des sentiments de satisfaction. Aussi devons-nous nous attendre à ce qu’elles en viennent un jour à se heurter contre la réalité, et le mieux que nous ayons à faire, c’est d’accep­ter leur destruction sans plaintes ni récriminations.[7]
Les « mauvais penchants » et leurs deux remèdes
L’expérience nous a révélé ce fait intéressant que la préexistence, à l’âge infantile, de penchants fortement « méchants » constitue dans beaucoup de cas une condition de l’orientation vers le bien, lorsque l’individu a atteint l’âge adulte. Les enfants les plus égoïstes peuvent devenir des citoyens charitables au plus haut degré et capables des plus grands sacrifices ; la plupart des apôtres de la pitié, des philanthropes, des protecteurs d’animaux ont fait preuve, dans l’enfance, de penchants sadiques et se sont distingués par leur cruauté envers les animaux.
La transformation des « mauvais » penchants est l’œuvre de deux facteurs agissant dans la même direction et dont l’un est intérieur, l’autre extérieur. En ce qui concerne le facteur interne, il se manifeste par l’influence qu’exercent sur les mauvais penchants (disons, si l’on préfère, sur les penchants égoïstes) l’érotisme, le besoin d’amour, au sens large du mot, qu’éprouve l’homme. Par l’adjonction d’éléments érotiques, les penchants égoïstes se transforment en penchants sociaux. On ne tarde pas à constater qu’être aimé est un avantage auquel on peut et doit en sacrifier beaucoup d’autres. Quant au facteur externe, il consiste dans la pression exercée par l’éducation qui se fait le porte-parole des exigences de l’ambiance civilisée et dont l’influence est ensuite remplacée par l’action directe de cette ambiance même. La civilisation n’a pu naître et se développer que grâce à la renonciation à la satisfaction de certains besoins, et elle exige que tous ceux qui, dans la suite des générations, veulent profiter des avantages que comporte la vie civilisée, renoncent à leur tour à la satisfaction de certains instincts. Une transformation incessante de la pression extérieure en pression intérieure a lieu au cours de la vie individuelle.[8]
Il existe donc infiniment plus d’hommes qui acceptent la civilisation en hypocrites que d’hommes vraiment et réellement civilisés, et il est même permis de se demander si un certain degré d’hypocrisie n’est pas nécessaire au maintien et à la conservation de la civilisation étant donné le petit nombre d’hommes chez lesquels le penchant à la vie civilisée est devenu une propriété organique.[9]
Stupide obstination
Mais nous avons constaté chez nos concitoyens du monde un autre symptôme qui ne nous a peut-être pas moins surpris et effrayés que la baisse, si douloureuse pour nous, de leur niveau moral. Je fais allusion à leur manque d’intelligence, à leur stupide obstination, à leur inaccessibilité aux arguments les plus convaincants, à la crédulité enfantine avec laquelle ils acceptent les affirmations les plus discutables. Il en résulte un tableau profondément triste, et je tiens à proclamer hautement que je ne suis pas aveuglé par le parti-pris, au point de n’apercevoir ces défauts intellectuels que dans un seul des camps adverses. Or, ce phénomène s’explique encore plus facilement que celui dont nous nous sommes occupés plus haut et est moins fait pour nous troubler et inquiéter. Les philosophes et les connaisseurs d’hommes nous ont dit depuis longtemps que nous avions tort de considérer notre intelligence comme une force indépendante et de ne pas tenir compte de sa subordination à la vie affective. Notre intellect ne peut travailler efficacement que pour autant qu’il est soustrait à des influences affectives trop intenses ; dans le cas contraire, il se comporte tout simplement comme un instrument au service d’une volonté, et il produit le résultat que celle-ci lui inculque.
Les arguments logiques ne peuvent donc rien contre les intérêts affectifs, et c’est pourquoi la lutte à coup de raisons est si stérile dans le monde des intérêts. L’expérience psychanaly­tique ne fait que confirmer cette vérité. Elle a journellement l’occasion de constater que les hommes les plus intelligents perdent subitement toute faculté de comprendre et se comportent comme des imbéciles, dès que les idées qu’on leur présente se heurtent chez eux à une résistance affective, mais que leur intelligence et leur faculté de comprendre se réveillent, lorsque cette résis­tance est vaincue.[10]
Nous avons pu espérer que la grande communauté d’intérêts créée par les facilités de communication, par les relations de plus en plus suivies et fréquentes et par l’échange continu de produits marquerait le commencement d’une pareille pression moralisatrice ; mais il semble que, pour le moment, les peuples obéissent plus à la voix de leurs passions qu’à celle de leurs intérêts.
Ils ne mettent en avant les intérêts que pour rationaliser leurs passions, pour pouvoir justifier la satisfaction qu’ils cherchent à leur accorder.[11]

2. Notre attitude à l’égard de la mort[12]

Nous ne songeons nullement à rabaisser la vie amoureuse ; ce serait d’ailleurs aller à l’encontre de la réalité. Notre raison et notre sentiment se refusent, certes, à admettre une association aussi étroite entre l’amour et la haine, mais la nature sait utiliser cette association et maintenir en éveil et dans toute sa fraîcheur le sentiment d’amour, afin de le mettre mieux à l’abri des atteintes de la haine qui le guette. On peut dire que nous sommes redevables des plus beaux épanouissements de notre vie amoureuse à la réaction contre l’impulsion hostile que nous ressentons dans notre for intérieur.[13]
(…) impénétrabilité à la représentation de notre propre mort, souhait de mort à l’adresse de l’étranger et de l’ennemi, ambivalence à l’égard de la personne aimée : tels sont les traits communs à l’homme primitif et à notre inconscient. Combien est grande la distance qui sépare cette attitude primitive à l’égard de la mort et celle que nous imposent les conventions de notre vie civilisée![14]
Ne ferions-nous pas bien d’assigner à la mort, dans la réalité et dans nos idées, la place qui lui convient et de prêter une attention un peu plus grande à notre attitude inconsciente à l’égard de la mort, à celle que nous nous sommes tou­jours si soigneusement appliqués à réprimer ? Ce ne serait pas un progrès que nous accomplirions ainsi, mais bien plutôt, sous certains rapports du moins, une régression, mais en nous résignant à celle-ci, nous aurions l’avantage d’être sincères avec nous-mêmes et de nous rendre de nouveau la vie supportable. En effet, rendre la vie supportable est le premier devoir du vivant. L’illusion perd toute sa valeur, lorsqu’elle est en opposition avec ce devoir.[15]

  1. Zeitgemäßes über Krieg und Tod, 1915
  2. I. Die Enttäuschung des Krieges
  3. Man sagte sich zwar, die Kriege könnten nicht aufhören, solange die Völker unter so verschiedenartigen Existenzbedingungen leben, solange die Wertungen des Einzellebens bei ihnen weit auseinandergehen und solange die Gehässig­keiten, welche sie trennen, so starke seelische Triebkräfte repräsentieren. Man war also darauf vorbereitet, daß Kriege zwischen den primitiven und den zivilisierten Völkern, zwischen den Menschenrassen, die durch die Hautfarbe voneinander geschieden werden, ja Kriege mit und unter den wenig entwickelten oder verwilderten Völkerindividuen Europas die Menschheit noch durch geraume Zeit in Anspruch nehmen werden. Aber man getraute sich etwas anderes zu hoffen. Von den großen weltbeherrschenden Nationen weißer Rasse, denen die Führung des Menschengeschlechtes zugefallen ist, die man mit der Pflege weltumspannender Interessen beschäftigt wußte, deren Schöpfungen die technischen Fortschritte in der Beherrschung der Natur wie die künstlerischen und wissenschaftlichen Kulturwerte sind, von diesen Völkern hatte man erwartet, daß sie es verstehen würden, Mißhelligkeiten und Interessenkonflikte auf anderem Wege zum Austrage zu bringen. Innerhalb jeder dieser Nationen waren hohe sittliche Normen für den Einzelnen aufgestellt worden, nach denen er seine Lebensführung einzurichten hatte, wenn er an der Kulturgemeinschaft teilnehmen wollte.
  4. Vertrauend auf diese Einigung der Kulturvölker haben ungezählte Menschen ihren Wohnort in der Heimat gegen den Aufenthalt in der Fremde eingetauscht und ihre Existenz an die Verkehrsbeziehungen zwischen den befreundeten Völkern geknüpft. Wen aber die Not des Lebens nicht ständig an die nämliche Stelle bannte, der konnte sich aus allen Vorzügen und Reizen der Kulturländer ein neues, größeres Vaterland zusammensetzen, in dem er sich ungehemmt und unverdächtigt erging.
  5. Vergessen wir auch nicht, daß jeder Kulturweltbürger sich einen besonderen »Parnaß« und eine »Schule von Athen« geschaffen hatte. Unter den großen Denkern, Dichtern, Künstlern aller Nationen hatte er die ausgewählt, denen er das Beste zu schulden vermeinte, was ihm an Lebensgenuß und Lebensverständnis zugänglich geworden war, und sie den unsterblichen Alten in seiner Verehrung zugesellt wie den vertrauten Meistern seiner eigenen Zunge.
  6. Wir leben der Hoffnung, eine unparteiische Geschichts­schreibung werde den Nachweis erbringen, daß gerade diese Nation, die, in deren Sprache wir schreiben, für deren Sieg unsere Lieben kämpfen, sich am wenigsten gegen die Gesetze der menschlichen Gesittung vergangen habe, aber wer darf in solcher Zeit als Richter auftreten in eigener Sache?
  7. Zur Kritik seiner Enttäuschung wäre einiges zu bemerken. Sie ist, strengegenommen, nicht berechtigt, denn sie besteht in der Zerstörung einer Illusion. Illusionen empfehlen sich uns dadurch, daß sie Unlustgefühle ersparen und uns an ihrer Statt Befriedigungen genießen lassen. Wir müssen es dann ohne Klage hinnehmen, daß sie irgend einmal mit einem Stücke der Wirklichkeit zusammenstoßen, an dem sie zerschellen.
  8. Interessant ist die Erfahrung, daß die kindliche Präexistenz starker »böser« Regungen oft geradezu die Bedingung wird für eine besonders deutliche Wendung des Erwachsenen zum »Guten«. Die stärksten kindlichen Egoisten können die hilfreichsten und aufopferungs­fähigsten Bürger werden; die meisten Mitleidsschwärmer, Menschenfreunde, Tierschützer haben sich aus kleinen Sadisten und Tierquälern entwickelt.
    Die Umbildung der »bösen« Triebe ist das Werk zweier im gleichen Sinne wirkenden Faktoren, eines inneren und eines äußeren. Der innere Faktor besteht in der Beeinflussung der bösen — sagen wir: eigensüchtigen — Triebe durch die Erotik, das Liebesbedürfnis des Menschen im weitesten Sinne genommen. Durch die Zumischung der erotischen Komponenten werden die eigensüchtigen Triebe in soziale umgewandelt. Man lernt das Geliebtwerden als einen Vorteil schätzen, wegen dessen man auf andere Vorteile verzichten darf. Der äußere Faktor ist der Zwang der Erziehung, welche die Ansprüche der kulturellen Umgebung vertritt und die dann durch die direkte Einwirkung des Kulturmilieus fortgesetzt wird. Kultur ist durch Verzicht auf Triebbefriedigung gewonnen worden und fordert von jedem neu Ankommenden, daß er denselben Triebverzicht leiste. Während des indivi­duellen Lebens findet eine beständige Umsetzung von äußerem Zwange in inneren Zwang statt.
  9. Es gibt also ungleich mehr Kulturheuchler als wirklich kulturelle Menschen, ja man kann den Standpunkt diskutieren, ob ein gewisses Maß von Kulturheuchelei nicht zur Aufrechterhaltung der Kultur unerläßlich sei, weil die bereits organisierte Kultureignung der heute lebenden Menschen vielleicht für diese Leistung nicht zureichen würde.
  10. Vielleicht hat uns aber ein anderes Symptom bei unseren Weltmitbürgern nicht weniger überrascht und geschreckt als das so schmerzlich empfundene Herabsinken von ihrer ethischen Höhe. Ich meine die Einsichtslosigkeit, die sich bei den besten Köpfen zeigt, ihre Verstocktheit, Unzugänglichkeit gegen die eindringlichsten Argumente, ihre kritiklose Leichtgläubigkeit für die anfechtbarsten Behauptungen. Dies ergibt freilich ein trauriges Bild, und ich will ausdrücklich betonen, daß ich keineswegs als verblendeter Parteigänger alle intellektuellen Verfehlungen nur auf einer der beiden Seiten finde. Allein diese Erscheinung ist noch leichter zu erklären und weit weniger bedenklich als die vorhin gewürdigte. Menschenkenner und Philosophen haben uns längst belehrt, daß wir Unrecht daran tun, unsere Intelligenz als selbständige Macht zu schätzen und ihre Abhängigkeit vom Gefühlsleben zu übersehen. Unser Intellekt könne nur verläßlich arbeiten, wenn er den Einwirkungen starker Gefühlsregungen entrückt sei; im gegenteiligen Falle benehme er sich einfach wie ein Instrument zuhanden eines Willens und liefere das Resultat, das ihm von diesem aufgetragen sei. Logische Argumente seien also ohnmächtig gegen affektive Interessen, und darum sei das Streiten mit Gründen, die nach Falstaffs Wort so gemein sind wie Brombeeren, in der Welt der Interessen so unfruchtbar. Die psychoanalytische Erfahrung hat diese Behauptung womöglich noch unterstrichen. Sie kann alle Tage zeigen, daß sich die scharfsinnigsten Menschen plötzlich einsichtslos wie Schwachsinnige benehmen, sobald die verlangte Einsicht einem Gefühlswiderstand bei ihnen begegnet, aber auch alles Verständnis wiedererlangen, wenn dieser Widerstand überwunden ist.
  11. Wir hatten zwar gehofft, daß die großartige, durch Verkehr und Produktion hergestellte Interessengemein­schaft den Anfang eines solchen Zwanges ergeben werde, allein es scheint, die Völker gehorchen ihren Leidenschaften derzeit weit mehr als ihren Interessen. Sie bedienen sich höchstens der Interessen, um die Leiden­schaften zu rationalisieren; sie schieben ihre Interessen vor, um die Befriedigung ihrer Leidenschaften begründen zu können.
  12. II. Unser Verhältnis zum Tode
  13. Es wird keine Herabsetzung unseres Liebeslebens beabsichtigt, und es liegt auch keine solche vor. Unserem Verständnis wie unserer Empfindung liegt es freilich ferne, Liebe und Haß in solcher Weise miteinander zu verkoppeln, aber indem die Natur mit diesem Gegensatzpaar arbeitet, bringt sie es zustande, die Liebe immer wach und frisch zu erhalten, um sie gegen den hinter ihr lauernden Haß zu versichern. Man darf sagen, die schönsten Entfaltungen unseres Liebeslebens danken wir der Reaktion gegen den feindseligen Impuls, den wir in unserer Brust verspüren.
  14. Unser Unbewußtes ist gegen die Vorstellung des eigenen Todes ebenso unzugänglich, gegen den Fremden ebenso mordlustig, gegen die geliebte Person ebenso zwiespältig (ambivalent) wie der Mensch der Urzeit. Wie weit haben wir uns aber in der konventionell-kulturellen Einstellung gegen den Tod von diesem Urzustände entfernt!
  15. Wäre es nicht besser, dem Tode den Platz in der Wirklichkeit und in unseren Gedanken einzuräumen, der ihm gebührt, und unsere unbewußte Einstellung zum Tode, die wir bisher so sorgfältig unterdrückt haben, ein wenig mehr hervorzukehren? Es scheint das keine Höherleistung zu sein, eher ein Rückschritt in manchen Stücken, eine Regression, aber es hat den Vorteil, der Wahrhaftigkeit mehr Rechnung zu tragen und uns das Leben wieder erträglicher zu machen. Das Leben zu ertragen bleibt ja doch die erste Pflicht aller Lebenden. Die Illusion wird wertlos, wenn sie uns darin stört.

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