Nietzsche: la chanson populaire

Friedrich_Nietzsche-1872… toute époque féconde en chansons populaires fut aussi au plus haut point tourmentée par des agitations et des entraînements dionysiens[1] que nous devons toujours considérer comme cause latente et condition préala­ble de la chanson populaire.

Mais la chanson populaire nous apparaît avant tout comme miroir musical du monde, comme mé­lodie primordiale qui se cherche une image de rêve parallèle et exprime celle-ci dans le poème. La « mé­lodie est donc la matière première et universelle » qui, à cause de cela, peut aussi subir des objectivations diverses en des textes différents. Aussi est-elle, pour le sentiment naïf du peuple, l’élément prépondérant, essentiel et nécessaire. De sa pro­pre substance, la mélodie engendre le poème, et sans cesse elle recommence ; la « forme en couplets de la chanson populaire » ne signifie pas autre chose…

Naissance de la Tragédie, §6 (cité par Charles-Albert Cingria, La Civilisation de Saint-Gall, OC, II, p. 189)

[1] Cingria commente: « Il n’y a pas de meilleur exemple à notre époque – pas celle de Nietzsche, la nôtre – que l’art anglo-nègre d’Amérique. »

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