Les insectes écriture (Ossip Mandelstam)

Voyage en Arménie / Ossip Mandelstam. (Trad. de Louis Bruzon, revue par André du Bouchet.- Mercure de France, 2005.):

A l’extrémité du champ détrempé, un phare dans la distance faisait tourner son diamant têt.
Et, tout d’un coup, je ne sais comment, m’est apparue la volte de mort, la danse nuptiale des insectes phosphorescents. A première vue, on eût dit que venaient de s’allumer des bouts divagants, et à peine perceptibles, de cigarettes excessivement fines, mais leurs paraphes étaient par trop audacieux, libres, désinvoltes.
Le diable seul sait où le vent les emportait!
A y voir de plus près: éphémères, survoltés, délirants, se convulsent, déchiffrent, absorbent la ténébreuse lecture prescrite du moment.
Notre grand corps volumineux se réduit en poussière exactement de la même façon, et notre activité se convertira en simple déchaînement de signaux si, après nous, nous ne laissons aucune preuve substantielle de notre existence.
Il est effrayant de vivre dans un monde constitué uniquement d’exclamations et d’apostrophes!

En parallèle au beau texte que CJ a mis en ligne sur son site dimanche dernier (extrait après le saut).

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