Il y a quatre catégories de travailleurs pour Dieu, c’est-à-dire quatre manières d’accomplir l’œuvre de vie, de même qu’il peut y avoir quatre catégories de travailleurs chez un patron: la première catégorie, c’est le genre de travailleurs qui inventent des moyens de complaire au patron en dehors du travail, et qui par suite se permettent de ne pas exécuter le travail qui leur a été assigné – ce sont toutes les sortes de doctrines religieuses avec les dogmes de foi en la rédemption, les mystères, les prières et autres choses semblables. La deuxième catégorie, c’est celle de travailleurs qui, au lieu de travailler, mettent toutes leurs forces à aiguiser, nettoyer, soigner les instruments de travail, et par suite travaillent de moins en moins à la fois parce qu’ils sont occupés à entretenir leurs outils et parce qu’ils craignent de les abîmer. Ce sont les gens qui, au lieu de dépenser leurs forces pour l’œuvre de Dieu, se soucient de leur corps pour le conserver autant que possible. La troisième catégorie, ce sont les travailleurs qui ne connaissent pas et ne veulent pas connaitre le patron et le travail qui leur a été commandé, mais qui font le travail que leur intelligence a inventé et qu’ils considèrent comme le plus important pour eux-mêmes. Ce sont des gens qui ne reconnaissent pas le principe moralement obligatoire – Dieu, et qui par suite imaginent toutes sortes d’occupations étrangères à l’œuvre de Dieu: gens de l’État, savants, gens qu’on appelle cultivés. La quatrième catégorie, ce sont ceux qui mettent toutes les forces de leur âme et de leur corps dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu: l’accroissement en eux-mêmes – et par ce fait même dans les autres – de la conscience de Dieu – de l’amour, manifesté en actes, en paroles, en pensées.

Journal à la date du 8 septembre 1909