John Cage: Les champignons et la mort du Bouddha

le monde serait un tas impraticable de vieux déchets si n’existaient pas les champignons et leur capacité à nous en débarrasser.

Dorothy Nannan invited me to dinner in New York. There was a lady there from Philadelphia who was an authority on Buddhist art. When she found out I was interested in mushrooms, she said. « Have you an explanation of the symbolism involved in the death of the Buddha by his eating a mushroom. I explained that I’d never been interested in symbolism; that I preferred just taking things as themselves, not as standing for other things. But then a few days later while rambling in the woods I got to thinking. I recalled the Indian concept of the relation of life and the seasons. Spring is Creation. Summer is Preservation. Fall is Destruction. Winter is Quiescence. Mushrooms grow most vigorously in the fall, the period of destruction, and the function of many of them is to bring about the final decay of rotting material. In fact, as I read somewhere, the world would be an impassible heap of old rubbish were it not for mushrooms and their capacity to get rid of it. So I wrote to the lady in Philadelphia. I said. « The function of mushrooms is to rid the world of old rubbish. The Buddha died a natural death. »

Dorothy Nannan m’invita à diner à New York. Il y avait là une dame de Philadelphie qui était une autorité sur l’art bouddhique. Lorsqu’elle apprit que je m’intéressais aux champignons, elle dit: « Avez-vous une explication du symbolisme contenu dans le fait de la mort du Bouddha par sa consommation d’un champignon. J’expliquai que je n’avais jamais été intéressé par le symbolisme; que je préférais juste prendre les chose pour elles-mêmes, non comme représentant d’autres choses. Mais quelques jours après, comme je crapahutais dans les bois, il me vint une pensée. Je me souvins du concept indien de la relation entre la vie et les saisons. Le printemps est création. L’été est préservation. L’automne est destruction. L’hiver est repos. Les champignons poussent le plus vigoureusement à l’automne, la période de destruction, et la fonction d’un grand nombre d’entre eux est d’amener la décomposition finale du matériel pourrissant. En fait, comme je le lus quelque part, le monde serait un tas impraticable de vieux déchets si n’existaient pas les champignons et leur capacité à nous en débarrasser. Aussi j’écrivis à la dame de Philadelphie. Je dis: « La fonction des champignons est de débarrasser le monde des vieux déchets. Le Bouddha est mort d’une mort naturelle. »

Silence, p. 85 (« Edgard Varese »)

La dernière phrase avec son « died » utilisé de façon transitive est intraduisible. « Le Bouddha mourut une mort naturelle » est un barbarisme, « Le B. mourut d’une mort naturelle » induit une banalité qui est en outre un faux sens.. Avec « périr » il me semble que le barbarisme est moins offensif… Mais je vois que l’emploi transitif est idiomatique, donc la traduction banale n’est pas un faux sens!

Pour impassible, vérifié (non sans mal) que le mot peut être employé pour impassable

Sinon une longue narration où il est question de champignons pp. 261 sq. (« Indeterminacy »).

Source de l’image: Wikimedia Commons. Voir aussi: John Cage, Forager of Music and Mushrooms.

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