« Et si (…) on s’arrête et on examine ce qui apparaît dans les perspectives ouvertes, des ensembles insoupçonnés de résonances et d’échos se révèlent. »
Claude Simon, rabat d’Orion aveugle (collection « Les Chemins de la création » de Skira, 1970):
« Avant que je me mette à tracer des signes sur le papier il n’y a rien, sauf un magma informe de sensations plus ou moins confuses, de souvenirs plus ou moins précis accumulés, et un vague — très vague — projet.
C’est seulement en écrivant que quelque chose se produit, dans tous les sens du terme, Ce qu’il y a pour moi de fascinant, c’est que ce quelque chose est toujours infiniment plus riche que ce que je me proposais de dire. Il semble donc que la feuille blanche et l’écriture jouent un rôle au moins aussi important que mes intentions. Les mots sont autant de carrefours où plusieurs routes s’entrecroisent.
Et si, plutôt que de vouloir traverser rapidement ces carrefours en ayant déjà décidé du chemin à suivre, on s’arrête et on examine ce qui apparaît dans les perspectives ouvertes, des ensembles insoupçonnés de résonances et d’échos se révèlent. »
(ill: Nicolas Poussin : Paysage avec Orion aveugle cherchant le soleil,1658)