Le souvenir est une trahison de la nature.
Parce que la nature d’hier n’est pas nature.
Ce qui a été n’est rien, et se souvenir est ne pas voir.
Passe, petit oiseau, passe, et apprends-moi à passer!
Le souvenir est une trahison de la nature.
Parce que la nature d’hier n’est pas nature.
Ce qui a été n’est rien, et se souvenir est ne pas voir.
Passe, petit oiseau, passe, et apprends-moi à passer!
Le clair de lune au travers des hautes branches
Tous les poètes disent qu’il est plus
Que le clair de lune à travers les hautes branches. Lire la suite
Penser une fleur est la voir et la sentir
Et manger un fruit est en connaître le sens. Lire la suite
Alberto Caiero est un des hétéronymes de Fernando Pessoa. Voici comment Patrick Quiller le présente… Lire la suite
Aussi certainement qu’une feuille n’est jamais tout à fait identique à une autre, aussi certainement le concept feuille a été formé grâce à l’abandon délibéré de ces différences individuelles, grâce à un oubli du distinctif, et il fait naître alors la représentation qu’il y aurait dans la nature, en dehors des feuilles, quelque chose qui serait « la feuille » Lire la suite
Yeats, « The Adoration of the Magi » (1897)
J’étais assis et lisais tard dans la nuit, un peu après ma dernière rencontre avec Aherne, quand j’entendis frapper légèrement à ma porte; et trouvai sur le seuil trois hommes très vieux avec de solides bâtons dans leurs mains
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Entretien entre Pierre Nora et Raphaël Enthoven sur France-Culture en mars 2008:
« Il est arrivé dans mon bureau au moment où j’éditais les Mots et les choses, et on avait mis à l’envers le fameux diagramme des savoirs auquel on ne comprenait rien. Lire la suite
El Buscón, prologue:
Je te vois fort désireux, lecteur (ou auditeur : je pense aux aveugles qui ne peuvent lire), d’ouïr les gracieusetés de Don Pablos, prince de la vie friponne.
Tu trouveras ici tous genres de friponnerie — qui est je crois au goût des plus nombreux — : finesses, tromperies avec l’art et la manière — nés de l’oisiveté — de vivre de la fourbe. Tu en tireras bon profit si tu es attentif à la leçon, mais quand bien même tu n’en ferais rien. Eh bien, il te restera les sermons en chaire; je doute, en vérité, que personne achète des livres amusants pour fuir les appétits de sa nature dépravée. Enfin, qu’il en soit comme tu voudras; applaudis ce livre, il le mérite; et quand ses facéties te feront rire, loue l’esprit de qui a su déceler qu’il y a plus de plaisir à connaître des vies de gueux contées gaillardement que toute autre invention plus sérieuse.
Tu sais quel en est l’auteur; le prix du livre ne t’est pas inconnu puisque tu l’as chez toi, à moins que tu ne le feuillettes chez le libraire, pratique nuisible pour lui et qui se devrait proscrire avec la plus grande rigueur, car il est des pique-livres comme des pique-assiettes, et certains trouvent leur compte à lire en plusieurs fois et en plusieurs morceaux, quitte à coudre ensuite le tout ensemble, Et c’est grande pitié que ces mœurs car le pique-livres, par après, critique sans qu’il lui en ait coûté un rouge liard, poltronnerie bâtarde et misère à laquelle le Chevalier de la Tenaille n’a point songé.
Dieu te garde des mauvais livres, des sergents et des femmes blondes, quémandeuses et pleines de malice.
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Le monde nous apparaît logique, parce que nous l’avons d’abord logicisé.
Un adulte voit un oiseau voler, et son esprit immédiatement dit « oiseau ». L’enfant cependant voit quelque chose qui non seulement n’a pas de nom mais qui n’est même pas une chose sans nom: c’est (…) un continu sans limite qui participe de l’air, des arbres, de l’heure, du mouvement, de la température, de la voix de sa mère, de la couleur du ciel, de presque tout.
César Aira, A brick wall[1] : l’amnésie infantile[2] Lire la suite