Gilles Deleuze: relativisme, perpectivisme et discussion

« Ce n’est pas « chacun sa vérité » ; c’est « la vérité renvoie à un point de vue ». Toute vérité dans un domaine renvoie à une vérité dans ce domaine ; le point de vue est la condition de la possibilité de la vérité ; le point de vue est la possibilité de l’émergence de la vérité, de la manifestation de la vérité. Donc, ne croyez surtout pas que le perspectivisme autorise la discussion. »

 

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Breton, Rimbaud, Gracq (Charleville et Nantes)

Dans ses Entretiens de 1952, André Breton se souvient:

A travers les rues de Nantes, Rimbaud me possède entièrement: ce qu’il a vu, tout à fait ailleurs, interfère avec ce que je vois et va même jusqu’à s’y substituer; à son propos, je ne suis plus jamais repassé par cette sorte d’«état second » depuis lors. L’assez long chemin qui me mène chaque après-midi, seul et à pied, de l’hôpital de la rue du Bocage au beau parc de Procé, m’ouvre toutes sortes d’échappées sur les sites mêmes des Illuminations: ici, la maison du général dans Enfance, là «ce pont de bois arqué », plus loin certains mouvements très insolites que Rimbaud a décrits: tout cela s’engouffrait dans une certaine boucle du petit cours d’eau bordant le parc qui ne faisait qu’un avec là «rivière de cassis ». Je ne peux donner une idée plus raisonnable de ces choses.

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Pierre Klossowski: langue vivante et langues mortes

…or, c’est en nous que fulgure l’astre éclaté, c’est dans les ténèbres de nos mémoires, dans la grande nuit constellée que nous portons dans notre sein, mais que nous fuyons dans notre fallacieux grand jour. Là nous nous confions à notre langue vivante. Mais parfois se glissent entre deux mots d’usage quotidien, quelques syllabes des langues mortes: mots-spectres qui ont la transparence de la flamme en plein midi, de la lune dans l’azur ; mais dès que nous les abritons dans la pénombre de notre esprit ils sont d’un intense éclat: qu’ainsi les noms de Diane et d’Actéon restituent pour un instant leur sens caché aux arbres, au cerf altéré, à l’onde, miroir de l’impalpable nudité.

(Le Bain de Diane, Pauvert, 1956, p. 8)

Les tombes corses, Sebald, Arendt

sur la route entre Poretta et Corti

Sebald (Campo Santo)

On trouve ainsi partout, da paese a paese, des petites demeures pour les morts: chambres funéraires et mausolées, ici sous un châtaignier, là dans une oliveraie pleine de lumière mouvante et d’ombre, au milieu d’un lit de citrouilles, dans un champ d’avoine ou sur un coteau envahi par le feuillage plumeux de l’aneth jaune-vert. Dans de tels lieux, qui sont souvent particulièrement beaux et offrent une bonne vue sur le territoire de la famille, le village et le reste des terres locales, les morts étaient toujours en quelque sorte chez eux, n’étaient pas envoyés en exil et pouvaient continuer à veiller sur les limites de leur propriété. Lire la suite

Le concert des oiseaux (Vinciane Despret: Habiter en oiseau)

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/Conference_of_the_birds.jpg

Le merle avait commencé à chanter. Quelque chose lui importait et plus rien d’autre, à ce moment-là, n’existait que le devoir impérieux de donner à entendre. Saluait-il la fin de l’hiver ? Chantait-il sa joie d’exister, de se sentir revivre ? Adressait-il une louange au cosmos ? Les scientifiques ne pourraient sans doute pas l’énoncer de cette manière. Mais ils pourraient affirmer que toutes les forces cosmiques d’un printemps naissant ont offert au merle les premières conditions de sa métamorphose.

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François Ricci, Aristote et l’olivier (3 remémorations pour 1 souvenir)

décembre 2020

Il y a des lacunes dans mon souvenir. J’étais allé le voir pour lui dire que j’abandonnais mon projet de maîtrise sur Hegel et Marx. Lire la suite