Parole et écriture / Jean-Jacques Rousseau (1761)

(Fragment « Prononciation », 1761; in Pléiade, OC (1964), t. 2, p. 1248 sq.)

Les langues sont faites pour être parlées, l’écriture ne sert que de supplément à la parole; […] Le plus grand usage d’une langue étant donc dans la parole, le plus grand soin des Grammairiens devrait être d’en bien déterminer les modifications; mais au contraire ils ne s’occupent presque uniquement que de l’écriture. Plus l’art d’écrire se perfectionne, plus celui de parler est négligé. On disserte sans cesse sur l’orthographe, et à peine a-t-on quelques règles sur la prononciation.

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Rousseau: Le premier qui… (1755)

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes – Seconde partie – Wikisource

Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne.