Apollon et apollinisme (Citati)

La Mente colorata: Ulisse e l' »Odissea » Pietro Citati, in La Civiltà letteraria europea (2005):

Il y a ici un des paradoxes de l’esprit grec. Apollon ne connaissait aucune des vertus qui furent appelées apolliniennes: la sérénité, le respect de la loi, l’harmonie, la modération. Le dieu qui aurait proscrit la démesure péchait par démesure. Comme les Grecs le savaient parfaitement, cette mesure, qu’ils aimaient tant, naissait de l’excès, et la pureté naissait de l’impureté et de la faute. Il fallait un dieu violent, déchaîné, pécheur, assassin pour répandre sur la terre l’équilibre moral, le respect de la limite, le calme de l’esprit, le geste qui pacifie et concilie, l’harmonie souveraine de la cithare, comme si, par une métamorphose incompréhensible, ce qui était violent dans le monde divin devenait serein et harmonieux dans le nôtre.

Qui sta uno dei paradossi dello spirito greco. Apollo non conosceva nessuna delle virtù che da lui vennero chiamato apollinee: la serenità, il rispetto per la legge, l’armonia, la moderazione. Il dio che avrebbe proscritto la dismisura peccava di dismisura. Comme i Greci sapevano benissimo, quella misura, che amavano tanto, nasceva dall’eccesso, e la purezza nasceva dall’impurità e dalla colpa. Ci voleva un dio violento, sfrenato, peccatore, assassino, per diffondere sulla terra l’equilibrio nella morale, il rispetto del limite, la quiete dello spirito, il gesto que pacifica e concilia, l’armonia sovrana della cetra: come se, per una metamorfosi incomprensibile, ciò che era violento nel mondo divino diventasse sereno e armonioso nel nostro.

Lecture: Israel e l’Islam, le scintille di Dio / Pietro Citati

Je reçois hier matin ce livre (Israel e l’Islam / Pietro Citati), signalé par une récente émission de Culture d’Islam (extrait), et avant d’éteindre la lumière cette nuit, je l’ouvre au hasard et je tombe, frappé (folgorato) par son caractère borgésien, sur ce passage (traduction en dessous):

Abû Ja’far Muhammad At-Tabarî nacque attorno all’839 nella Persia settentrionale; e la sua sterminata opera di storico e di teologo sarebbe dimenticata, o conosciuta appena dagli specialisti, se un sogno non avesse folgorato la sua mente. Non voleva raccontare soltanto la storia dei suoi tempi, o di un’epoca limitata, ma tutta la storia del mondo, cominciando dalla creazione fino alle guerre cha ai suoi tempi insanguivano il mondo arabo. En non voleva narrare nemmeno una versione di ogni fatto, ma tutte le versioni che gli uomini raccontano di ogni evento, così che il suo libro diventasse quell’intreccio di realtà e di eventualità, di possibilità e di impossibilità, o di possibilità opposte, che forma l’universo. Così passò la giovinezza viaggiando in Egitto e nella Siria, nella Persia e un Iraq, per raccogliere le tradizioni arabe, iraniche, ebraiche, cristiane, sia quelle consegnate nella Bibbia, nel Corano e nel Libro dei Re, sia quelle che avevano una vita più locale ed effimera. Poi si fermò a Baghdad, dove aprì una scuola, scrisse un commento al Corano, e cominciò a comporre le Notizie dei Profeti e dei Re.

Abû Ja’far Muhammad At-Tabarî nâquit autour de 839 dans le nord de la Perse et son oeuvre infinie d’historien et de théologien serait oubliée, ou connue seulement des spécialistes, si un rêve n’avait frappé son esprit. Il ne voulut pas raconter seulement l’histoire de son temps, ou d’une époque limitée, mais toute l’histoire du monde, en commençant par la création jusqu’aux guerres qui de son temps ensanglantaient le monde arabe. Et il ne voulut non plus raconter une seule version de chaque fait, mais toutes les versions que les hommes racontent de chaque évènement, de sorte que son livre devînt un enchevêtrement de réalités et d’éventualités, de possibilités et d’impossibilités, ou de possibilités contraires, qui forme l’univers. Ainsi passa-t-il sa jeunesse à voyager: en Egypte et en Syrie, en Perse et en Iraq, pour recueillir les traditions arabes, iraniennes, hébraïques, chrétiennes, celles qui sont consignées dans la Bible, dans le Coran et dans le Livre des Rois et celles qui avaient une vie plus locale et éphémère. Puis il s’installa à Baghdad où il ouvrit une école, écrivit un commentaire du Coran et commença à composer les Notices des Prophètes et des Rois.