« Pouvoir et persuasion… » / Peter Brown (2. paideia)

(Un post qui était resté à l’état de brouillon depuis le mois de mai! Comme je ne sais pas quand j’aurais l’occasion de revenir sur livre de Peter Brown, je le poste tel quel.

Pouvoir et persuasion dans l’Antiquité tardive: vers un Empire chrétien / Peter Brown, trad. Pierre Chuvin.- Paris: Le Seuil, 1998 (1992)

Chap. 2: La paideia et le pouvoir.

« Vêtus d’une petite toge, les cheveux impeccablement coiffés », les garçons déclamaient sur des thèmes classiques. La rhétorique était considérée comme l’antichambre de la vie publique, à tel point que la classe de Libanius n’était séparée du conseil municipal que par un étroit couloir. Aux périodes de crise, les hurlements des notables désespérés servaient de fond sonore à son enseignement.

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« Pouvoir et persuasion dans l’Antiquité tardive » / Peter Brown (1992) + remarques sur 2 anciens tabous en histoire

Pouvoir et persuasion dans l’Antiquité tardive: vers un Empire chrétien / Peter Brown, trad. Pierre Chuvin.- Paris: Le Seuil, 1998 (1992)

Ma principale lecture autour du mois de mars dernier (j’avais envie de me faire plaisir). Il décrit comment au cours des 4e et 5e siècle de l’ère commune, la christianisation de l’Empire romain correspond à un changement de paradigme quant à la sociologie politique de l’ensemble impérial, particulièrement s’agissant des élites et des instruments culturels de leur sélection et de leur légitimation.

Je fais des extraits séparés de chaque chapitre par commodité même si les deux premiers chapitres sont étroitement liés, décrivant le paradigme de départ et ce qui le met en crise, les deux chapitres suivants décrivant le nouveau paradigme chrétien qui se met en place.

J’activerai les liens de la table des matières ci-dessous au fur et à mesure de la publication des extraits:

  1. La devotio: l’autocratie et les élites
  2. La paideia et le pouvoir
  3. Pauvreté et pouvoir
  4. Vers un Empire chrétien

Après le saut, quelques réflexions dilettantes concernant, à propos de Peter Brown, l’écriture de l’histoire et particulièrement 2 anciens tabous la concernant.
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Lecture: Israel e l’Islam, le scintille di Dio / Pietro Citati

Je reçois hier matin ce livre (Israel e l’Islam / Pietro Citati), signalé par une récente émission de Culture d’Islam (extrait), et avant d’éteindre la lumière cette nuit, je l’ouvre au hasard et je tombe, frappé (folgorato) par son caractère borgésien, sur ce passage (traduction en dessous):

Abû Ja’far Muhammad At-Tabarî nacque attorno all’839 nella Persia settentrionale; e la sua sterminata opera di storico e di teologo sarebbe dimenticata, o conosciuta appena dagli specialisti, se un sogno non avesse folgorato la sua mente. Non voleva raccontare soltanto la storia dei suoi tempi, o di un’epoca limitata, ma tutta la storia del mondo, cominciando dalla creazione fino alle guerre cha ai suoi tempi insanguivano il mondo arabo. En non voleva narrare nemmeno una versione di ogni fatto, ma tutte le versioni che gli uomini raccontano di ogni evento, così che il suo libro diventasse quell’intreccio di realtà e di eventualità, di possibilità e di impossibilità, o di possibilità opposte, che forma l’universo. Così passò la giovinezza viaggiando in Egitto e nella Siria, nella Persia e un Iraq, per raccogliere le tradizioni arabe, iraniche, ebraiche, cristiane, sia quelle consegnate nella Bibbia, nel Corano e nel Libro dei Re, sia quelle che avevano una vita più locale ed effimera. Poi si fermò a Baghdad, dove aprì una scuola, scrisse un commento al Corano, e cominciò a comporre le Notizie dei Profeti e dei Re.

Abû Ja’far Muhammad At-Tabarî nâquit autour de 839 dans le nord de la Perse et son oeuvre infinie d’historien et de théologien serait oubliée, ou connue seulement des spécialistes, si un rêve n’avait frappé son esprit. Il ne voulut pas raconter seulement l’histoire de son temps, ou d’une époque limitée, mais toute l’histoire du monde, en commençant par la création jusqu’aux guerres qui de son temps ensanglantaient le monde arabe. Et il ne voulut non plus raconter une seule version de chaque fait, mais toutes les versions que les hommes racontent de chaque évènement, de sorte que son livre devînt un enchevêtrement de réalités et d’éventualités, de possibilités et d’impossibilités, ou de possibilités contraires, qui forme l’univers. Ainsi passa-t-il sa jeunesse à voyager: en Egypte et en Syrie, en Perse et en Iraq, pour recueillir les traditions arabes, iraniennes, hébraïques, chrétiennes, celles qui sont consignées dans la Bible, dans le Coran et dans le Livre des Rois et celles qui avaient une vie plus locale et éphémère. Puis il s’installa à Baghdad où il ouvrit une école, écrivit un commentaire du Coran et commença à composer les Notices des Prophètes et des Rois.